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Ces poèmes ont été écrits en 1973 et 1974.
Ç’a été ma première publication. C’est par pure sentimentalité et nostalgie que je garde ce titre dans ma bibliographie.
C’était la deuxième fois que je soumettais un manuscrit aux Éditions Saint-Germain-des-Prés.
Voici le commentaire du comité de lecture, signé par Jean Orizet, dans son courrier du 16 octobre 1974 :
” Si parfois dans son inspiration profuse ce poète rencontre la gratuité, un vocabulaire dont une part semble arbitraire, force nous est de convenir qu’il a son climat, son originalité dans un grand nombre de poèmes de ce recueil, où il nous ouvre l’univers de la chair (entre autres) avec un sentir très riche. Paul Dirmeikis sait être lui-même à travers des expériences qui nous remémorent celles de Bataille, d’Artaud et de Leiris. Il a le goût du secret, de la pénombre où se développent nos aspirations les plus plus subtilement sensuelles, nos terreurs les plus profondes, un absolu qui est à la fois sous-vie et vie intime sublimée ; le sang, la ténèbre, les anges, la “dérélection éternelle” où nous sommes, cet appareil, sous sa plume, reste soumis à un “moi” dont nous écoutons le cri et la plainte avec intérêt. Nous serions tout à fait désireux de le publier à nos éditions.”
En dehors de la bienveillance excessive de cette appréciation, il serait d’autre part impensable aujourd’hui d’imaginer un éditeur prendre la peine, après réception d’un manuscrit, d’y répondre par un commentaire aussi développé. De nos jours un auteur peut déjà s’estimer heureux de recevoir ne serait-ce qu’une lettre de refus stéréotypée. D’autant plus qu’il s’agissait ici d’un opuscule d’à peine 30 pages… Et qui étaient, faut-il le préciser, à des années-lumière d’approcher la qualité de Bataille ou d’Artaud !
Si je relis aujourd’hui ces 23 poèmes (et c’est une lecture bien embarrassante), où on peut déceler pêle-mêle de nébuleuses influences d’Henri Michaux et de Pierre Emmanuel, j’estime qu’ils auraient assurément dû moisir dans un tiroir, ou mieux, être détruits. Seule l’inconscience de mes vingt ans peut, je me rassure en le pensant, excuser la suffisance, voire l’impudence, d’avoir osé les soumettre à un éditeur…
Même le titre est mauvais.
Ceci dit, puisque le commentaire du comité de lecture avait malgré tout su dégager quelques caractéristiques qui se sont en effet affirmées dans mes écrits postérieurs, peut-être peut-on à la rigueur reconnaître que “quelque chose” était en germe dans ces poèmes ? C’est bien tout ce qu’on peut dire.
Mais de là, à faire le pas d’une publication ? En 400 exemplaires ?